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Business dynamism and productivity growth in Belgium [ Working Paper 05-21 - ]

Cette étude examine l'évolution du dynamisme entrepreneurial et son lien éventuel avec la croissance de la productivité en Belgique. Des statistiques sur la création d'entreprises, le retrait d'entreprises et la redistribution de la production entre entreprises au sein des branches d’activité sont présentées. Des données sur les entreprises belges, couvrant la période 2003-2017, sont utilisées pour décomposer la croissance de la productivité. Cette étude fournit des indications probantes d’une contribution substantielle des start-up dans les premières années de leur création à la croissance de la productivité des branches d’activité.

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A : Auteur, C : Contributeur

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Working Papers

Le Working Paper présente une étude ou analyse menée d’initiative par le BFP.

La croissance de la productivité des branches d’activité peut résulter non seulement de la croissance de la productivité des entreprises qui les composent, mais aussi de l’entrée et de la sortie de celles-ci et de la redistribution de parts de marché entre elles. Les start-up peuvent défier les entreprises bien établies et redynamiser les branches en introduisant de nouveaux produits, services, technologies et modes d'organisation. Les entreprises en place peuvent réagir de plusieurs manières à la pression concurrentielle exercée par les jeunes pousses, mais les moins productives peuvent être poussées vers la sortie. La redistribution des parts de marché peut améliorer la productivité si les ressources sont réaffectées des entreprises à faible productivité vers les entreprises à forte productivité. 

La baisse du dynamisme entrepreneurial a récemment été avancée comme une explication possible de la persistance du ralentissement de la croissance de la productivité, tel qu’on l’observe dans la plupart des pays de l'OCDE. Cette étude examine les données sur le dynamisme des entreprises et le lien éventuel avec la croissance de la productivité en Belgique.

Il existe différents concepts et sources de données se rapportant à la création d'entreprises. Le concept le plus large est l'enregistrement à la TVA, qui est obligatoire pour la plupart des activités marchandes en Belgique. La création de sociétés est un concept plus étroit. Une distinction importante est opérée entre les entreprises qui emploient des salariés et les entreprises sans salariés. Ces dernières englobent les entrepreneurs indépendants qui n'emploient aucun travailleur, mais aussi les sociétés créées à des fins fiscales ou pour la gestion d'un portefeuille immobilier. Bien que les entrepreneurs indépendants jouent un rôle important dans certaines branches, les entreprises sans salariés agissent probablement plus par nécessité et en fonction des opportunités que dans un objectif de croissance. Elles sont donc moins pertinentes, du point de vue de la croissance de la branche d’activité, que les entreprises avec des salariés qui englobent des entreprises voulant innover et se développer. Les données sur les entreprises avec salariés, qui ne sont disponibles que pour une période relativement courte, ne révèlent pas un déclin des entrées en Belgique mais plutôt une stabilisation à un faible niveau, et ce en comparaison avec d’autres pays de l'UE. Les données sur la création de sociétés, disponibles sur une plus longue période, indiquent que le taux de création en Belgique a augmenté considérablement dans les années 1980, a chuté de façon spectaculaire au cours de la première moitié des années 1990 et stagne à un faible niveau depuis lors. Les sorties d’entreprises avec salariés sont encore plus faibles en Belgique et semblent encore diminuer. Par rapport à d’autres pays de l'UE, la Belgique se caractérise également par une faible proportion d'entreprises à forte croissance et, plus généralement, une faible proportion d'entrepreneurs axés sur la croissance.

Les périodes de faible croissance économique vont souvent de pair avec des sorties plus nombreuses d’entreprises peu productives (« cleansing »), mais s’accompagnent aussi d’effets négatifs et potentiellement durables (« scarring ») tels qu'un recul de la création d'entreprises. Cela semble avoir été le cas durant la « Grande récession » qui a suivi la crise financière mondiale de 2007-2008. Des données récentes montrent que la crise de la Covid-19, malgré ses effets économiques très sévères, n'a pas entraîné jusqu'à présent de réduction des créations d'entreprises ou d’augmentation des faillites. Certes, le nombre de sociétés créées en avril et mai 2020, au début de la crise sanitaire en Belgique, était bien inférieur au niveau enregistré les mêmes mois en 2019. Mais à partir de juin 2020, les créations d'entreprises ont été plus nombreuses que les années précédentes, si bien que durant la période mars-décembre 2020, davantage de sociétés ont été créées qu’au cours de la même période en moyenne pendant les années 2015-2019. Le nombre de faillites, qui connaît une baisse structurelle en Belgique, a été extrêmement faible à partir de mars 2020 en raison de deux moratoires sur les faillites mais aussi parce que le Service Public Fédéral des Finances et l’Office National de Sécurité Sociale n’ont pas mis en faillite les entreprises en retard de payement des impôts ou des cotisations sociales. En outre, les entreprises et les indépendants ont reçu un soutien important des autorités fédérales, régionales et locales, tels que le chômage temporaire pour leur personnel, les plans d’échelonnement de payement des impôts et des contributions sociales et le revenu de remplacement pour les indépendants (droit-passerelle). Dès lors, même si l'augmentation prévue prévisible des faillites ne s'est pas encore concrétisée, il reste à voir ce qui va se passer quand ces mesures de soutien seront réduites ou abandonnées.    

La redistribution des emplois – soit la somme des créations et des destructions d'emplois par rapport à l'emploi total – s’est atténuée dans la plupart des pays de l'OCDE, un peu plus dans les services marchands que dans les branches manufacturières. Ce phénomène s’est également estompé en Belgique, mais un peu moins que dans les autres pays.

Une corrélation positive entre dynamisme entrepreneurial et croissance de la productivité n’implique pas nécessairement un lien de causalité. Une baisse du dynamisme entrepreneurial et un ralentissement de la croissance de la productivité peuvent s’expliquer par la maturité des branches, de moindres opportunités de croissance ou des changements démographiques. Les tests de causalité de la relation entre entrées, sorties et croissance de la productivité en Belgique présentés dans cette étude montrent que les résultats dépendent fortement de la question de savoir si la valeur ajoutée ou la production brute sont considérées comme une mesure de la production. Ces tests fournissent dès lors une indication mitigée sur le lien de causalité entre dynamisme entrepreneurial et croissance de la productivité.

Cette étude présente les résultats d’une décomposition de la croissance de la productivité, basée sur des données d’entreprises belges couvrant la période 2003-2017. Cette décomposition ne vise pas à établir des liens de causalité mais à évaluer la contribution relative de quatre composantes à la croissance de la productivité par branche : l'entrée et la sortie d'entreprises, la redistribution des parts de marché entre les entreprises existantes et la croissance de la productivité des entreprises qui composent ces branches. S’agissant de la décomposition, quatre estimations différentes de la productivité sont considérées, elles résultent de deux procédés d'estimation différents et s’appuient sur deux mesures alternatives de la production (la valeur ajoutée et la production brute). 

Dans la décomposition, les entreprises existantes sont réparties en trois groupes d'âge distincts : les start-up (1 à 4 ans), les jeunes entreprises (5 à 9 ans) et les entreprises matures (10 ans ou plus). Cette répartition semble pertinente car il existe des différences substantielles entre les groupes d’âge dans l’étendue, et même dans le signe, par exemple, de la contribution de la redistribution et de la croissance de la productivité de l’entreprise à la croissance de la productivité de la branche d’activité dans son ensemble. Une décomposition qui prend en compte toutes les entreprises indépendamment de leur âge ne révélerait pas ces différences qui fournissent des renseignements utiles sur les tendances propres à l’âge.   

Les résultats de la décomposition dépendent de l'estimation de la productivité prise en considération, ce qui s'explique probablement par des biais bien connus dans l'estimation de la productivité qui ne peuvent être traités de manière satisfaisante avec les données disponibles. En particulier, les résultats relatifs à la contribution des entrées des entreprises semblent assez instables et débouchent sur des conclusions parfois contradictoires quant au signe de la contribution.

La contribution relative des sorties d'entreprises est négative, ce qui est plutôt surprenant puisque les entreprises sur le départ ont, en moyenne, une productivité inférieure à la moyenne de la branche. La contribution négative s'explique par un petit groupe d'entreprises en cessation qui ont une productivité supérieure à la moyenne et une part plus importante dans la production de la branche, par rapport au groupe nettement plus large d'entreprises sortantes dont la productivité est inférieure à la moyenne et la part dans la production de la branche est également plus faible. Les futures recherches pourraient évaluer si les entreprises à forte productivité qui se sont retirées ont été englobées dans des fusions et acquisitions, ce qui indiquerait qu'elles ont poursuivi leurs activités et que leur retrait est administratif plutôt que réel.     

Des conclusions quelque peu plus probantes peuvent être tirées pour la redistribution des parts de marché. Les start-up semblent passer par une phase d'expérimentation du marché et de création d'une clientèle où la sélection ne s’opère pas sur la base de la productivité, car de nombreuses start-up peu productives voient leur part de marché augmenter au cours des premières années suivant leur création. La redistribution est plus favorable à la productivité des entreprises matures. Les entreprises bien établies ayant une productivité supérieure (inférieure) à la moyenne de la branche ont tendance à gagner (perdre) des parts de marché. Ce processus de croissance des parts de marché, indépendant du niveau de productivité initial, et la croissance soutenue de la productivité des start-ups, semblent être plus prononcés dans les services marchands que dans les branches manufacturières.  

La conclusion la plus évidente qui se dégage de la décomposition de la croissance de la productivité est la contribution fortement positive de la croissance de la productivité des entreprises. La désagrégation de la composante par âge montre que c’est la croissance de la productivité des start-up qui contribue de loin le plus à la croissance de la productivité des branches. Cette conclusion confirme les résultats d'études antérieures sur le rôle crucial des start-up dans la croissance de la productivité des branches. Une conclusion plus préoccupante tient au recul de la productivité relative des entrants (dans l’année d’entrée) ainsi qu’au tassement de la contribution positive à la croissance de la productivité des nouvelles entreprises (de 1 à 4 ans). 

Même si la méthodologie et les données présentent certaines limites, l’analyse de décomposition suggère que le faible dynamisme entrepreneurial en Belgique, ou sa tendance dans le temps, ne constitue pas une explication univoque du déclin structurel de la croissance de la productivité des branches d’activité. Les entreprises semblent rencontrer des problèmes intrinsèques pour accélérer, ou simplement maintenir, la croissance de leur productivité. Toutefois, le faible taux de sortie en Belgique peut indiquer l'existence d'obstacles à la sortie d’entreprises peu productives qui pourraient limiter les opportunités pour les jeunes pousses, dont on sait qu'elles sont cruciales pour la croissance de la productivité des branches. Les entraves réglementaires et les charges administratives, le faible respect des contrats, les contraintes de financement ou l'inefficacité des procédures de faillite sont souvent présentés comme des facteurs qui renforcent les obstacles à l'entrée et à la sortie. Les faibles entrées, en particulier des entrepreneurs ciblant la croissance, justifient de mener des politiques qui soutiennent cet entrepreneuriat durant les phases de démarrage et d'expansion de l’activité.

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